Grâce à de bons intermédiaires, nous avons passé une demi-journée à Winneway, communauté algonquine, à 1h30 de Ville-Marie.
Nous étions prévenus, l'état général du village est délabré, les rues ne sont pas asphaltées et l'accueil est assuré par un troupeau tranquille de chiens errants. Prévenus aussi que Winneway est peut-être la plus rebelle et la moins "développée" des "réserves" autochtones de la région. C'est une "dry community" pas d'alcool en vente dans le village.
Visite de l'école transférée dans le gymnase pour insalubrité "temporaire" et passage dans une classe de 11 élèves de CE1. Les enfants parlent anglais et apprennent l'algonquin à l'école, ils nous ont montré la France sur une mappe monde en nous faisant remarquer combien notre pays "is a small place".(Pour faciliter les apprentissages on fait référence à leur environnement.)
Déjeuner ensuite au centre des aînés où un ancien "big chief" nous attendait accompagné d'autres membres actifs de Winneway. La femme du chief avait cuisiné des plats traditionnels à notre attention : orignal, esturgeon et pain bannik.
Les récentes élections du chef de Winneway entretiennent la mauvaise réputation de la communauté, il aurait acheté des voix contre de la drogue et de l'alcool.
Alcoolisme, trafic de drogue, chômage, violences familiales et taux d'incarcération élevé sont le lot des amérindiens de Winneway.
Jerry n'abordera pas en notre présence les problèmes de sa communauté, il souhaiterait que le gouvernement canadien soit plus à l'écoute, que les autochtones aient plus de poids dans les prises de décision surtout quand il s'agit de la gestion des terres mais nous ne saurons rien. L'indien nous a t-on dit parle peu, depuis toujours ; l'homme blanc en revanche parle trop.
Seule sa femme nous dira que l'inceste et la maltraitance sont depuis longtemps un frein énorme à l'épanouissement des populations autochtones. Les filles ont leur premier enfant vers 18 ans (15 ans dans les années 70) et abandonnent souvent leurs études secondaires à ce moment-là.La femme du big chief
Autrefois bons négociants et fins chasseurs, l'arrêt du commerce des fourrures et la vente d'une partie de leurs terres à des "blancs" a mis un terme à leur autonomie. Aujourd'hui, les autochtones dépendent en majorité de l'aide sociale et agacent les autres, les contribuables parce qu'ils ne paient aucune taxe, ni électricité ni eau, chassent sans aucun quota, mangent du castor et de l'outarde (l'oie de Nils Holgerson) et parfois braconnent.
Ce jour-là le ciel était plus bas que terre, nous n'étions plus au Québec mais dans un no man's land étrange, un décor de fait divers en eaux troubles.